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Un pas après l'autre

Un soir perdu entre aujourd'hui et là-bas.

23 Janvier 2018 , Rédigé par Al'Khan

Tout va bien. Il fait beau, il fait jour. La journée n’a peut-être pas été bonne, mais elle s’est passée. Al’Khan va bien. Et puis, progressivement, la journée se termine, le soleil se couche et la nuit arrive.

En même temps que la nuit, ses angoisses apparaissent. D’abord très insidieusement. C’est juste un frisson et le besoin de regarder partout autour de soi pour s’assurer que tout va bien. Puis la nuit arrive, plus il fait noir, plus elle a peur. Souvent, il est vers 21 heures lorsque les angoisses arrivent fortement. Là, alors qu’elle est souvent enfermée dans sa chambre, pour ne montrer à personne ce qu’elle subit, elle ne sait plus vraiment où elle est. Est-elle ici ou là-bas ? Est-ce qu’on est maintenant ou c’est du passé ? Elle ne sait plus, tout se mélange entre l’un et l’autre. Elle a l’impression d’être à nouveau à la ferme.

Alors que juste avant elle était ici et allait pas si mal, la voilà qu’elle se retrouve là-bas. Son corps est ici, figé dans le moment présent comme une statue tandis que son esprit est là-bas.

Là-bas, elle revit une part de sa vie qu’elle souhaiterait tant oublier.

A chaque fois, ou presque, la première chose qui lui vient à l’esprit, c’est le son des escaliers qui grincent. Elle les entend grincer toujours de la même manière. Elle sait qu’il monte, elle sait qu’il arrive. Puis il ouvre la porte. La porte grince également et il est là.

Il est là et elle est glacée. Glacée sur son canapé en sachant qu’elle ne pourra rien faire.

A ce moment là, son corps est toujours dans sa chambre, dans le présent. Mais elle n’est plus en état de parler et de réagir dans cette époque. Elle est là-bas. Elle a de la peine à respirer, sa respiration est courte, elle est enroulée sur elle-même dans une veine tentative de protéger son corps.

Et il est là. Et ensuite, elle revit des moments différents de son cauchemar. Elle ne sait pas combien de temps cela prend en réalité. Pour elle, c’est très long, probablement qu’en réalité, ce n’est pas aussi long. Ce n’est probablement pas très impressionnant, vu de l’extérieur. Pas de cri, pas de tremblement, juste une respiration saccadée et les yeux soit fermés, soit bloqué sur un point qu’elle semble être la seule à voir. Et puis, tout se poursuit dans sa tête. Sauf que ce n’est pas juste dans sa tête. Ce n’est pas ‘juste’ un souvenir, c’est réellement un flashback. Elle revit à l’identique ce qui s’est déjà produit. Elle sent la peur dans son corps, elle entend les bruits, elle peut tout sentir et surtout, elle sent la douleur. Déjà, le cauchemar arrive presque à son terme alors qu’elle le remercie. Ce « Merci », elle l’a dit à chaque fois. A chaque fois elle l’a remercié. Jeu pervers de son bourreau ou est-ce que c’est juste un moyen pour lui de se déculpabiliser ? Elle ne le sait pas, mais à chaque fois, elle le remercie. Peut-être même qu’au bout d’un moment, elle y a cru. Probablement qu’au bout d’un moment, elle s’est réellement sentie redevable de tout ce qui s’est passé. « Merci ». Le regarder droit dans les yeux et le remercier. Seulement après cela, il pourra partir satisfait. Alors qu’il part, elle reste là, inerte. A moitié morte. Non, morte. Il n’y a plus rien à faire à part réparer les dégâts et pleurer sur son corps.

Elle revient dans son corps petit à petit. Dans son corps, mais pas complètement présente dans son esprit. Elle se sent affreusement fatiguée et blessée. Elle a des douleurs dans le bas ventre, elle se sent sale au possible. Elle tremble souvent et sa respiration  est très courte, elle revient réellement de là-bas. Tout vient de se passer pour elle. A nouveau. Encore une fois. Ça ne se termine jamais.

Elle est à nouveau dans le présent, mais, comme à cette époque, elle se lèvera pour aller prendre une douche. Se mettre sous l’eau chaude durant un temps fou afin de tenter d’effacer son passage. Elle a les yeux vitreux, elle est nauséeuse. Elle est comme là-bas. Exactement comme là-bas. Tout y était, dans les moindres détails.

A l’identique de cette époque, elle ne parlera à personne de tout cela. Elle fera semblant que rien ne s’est produit. Au lieu de croiser ses voisins de l’époque, elle croisera ses parents, mais elle aura les mêmes réactions et eux aussi. Elle mettra son masque, elle sourira en disant qu’elle a juste mal dormi et qu’elle est fatiguée.

Et pourtant, ces souvenirs, ils sont là tous les soirs. Ces flashback, malgré les années qui les séparent du temps où ça c’est produit, sont toujours là chaque soir.

Alors le temps passe pour tout le monde, mais pas pour elle. Pour elle, chaque soir son calvaire recommence.

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C
Il est évident qu'il faut porter plainte, et SANS HESITER. Cela vous aidera j'en suis sûre. (Vu votre lien chez Evy). Toutes mes amitiés.
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A
Merci de votre message Cacao. Malheureusement, porter plainte n'est toujours pas d'actualité. Actuellement, je ne veux pas porter plainte car ça serait trop compliqué à supporter... peut-être que plus tard je changerai d'avis.. .
R
être obligée en plus de dire merci c'est carrément infâme, j'espère que tu arrive a parler de tous cela avec une personne spécialisée dans ces agressions voir même pourquoi ne pas porter plainte parce qu'après tout tu est une victime et que le bourreaux (c'est est un) doit payer pour que toi tu te sente enfin libérée...pas évident aucun doute mais pense-y...amitiés
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A
Merci Renée pour ton message. <br /> Je suis d'accord avec toi, c'est infâme... et oui, je suis suivie par une psychiatre qui est top. <br /> Pour ce qui est de porter plainte, ce n'est pas à l'ordre du jour du tout, mais peut-être une fois, qui sait...
R
Bouleversant. Je comprends très bien ce que tu vis, et comment cela fonctionne. Et oui, le Monstre (pour moi, c'en sera toujours un) est un personnage odieux. Ce "merci" est insupportable. C'est lui qui t'a obligée à le dire???
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A
Oui, j'étais obligée de le lui dire, c'était dans la 'routine'. <br /> Encore aujourd'hui, je dis merci pour tout et n'importe quoi, je pense que c'est encré et j'ai peur de ce qui pourrait arriver si je ne le dis pas...