Une vie parfaite en apparence. Juste la mort en réalité.
C'est sa mort qu'elle rejoue encore et encore.
Cette mort qu'elle ne voulait pas et pourtant qu'elle recherche encore parfois.
S'être accrocher si dur à une vie qui ne lui apportait rien, pour vouloir abandonner celle qui lui permettra de se reconstruire.
Pour un moment de désespoir de trop. Ne pas savoir comment faire pour aller mieux, prendre sa tête entre ses mains et se rendre compte que rien ne va.
Et pourtant, tout va du mieux possible, mais elle n'arrive tout simplement pas à passer par dessus tout cela. Elle ne sait pas comment faire, comment le dire.
Cette incapacité à dire ce qui ne va pas la ronge. Elle aimerait hurler au monde combien ça ne va pas. Ne pas être obligée de faire semblant d'aller bien, d'être heureuse, d'être normale.
Elle ne sait tout simplement pas comment l'exprimer.
Alors elle a trouvé ses propres armes.
Se renfermer.
Ne rien dire.
Se couper.
Tenir droite.
Faire semblant.
Elle aimerait juste pleurer et hurler. Hurler sa douleur. Hurler sa mort, cette mort qu'elle a trop ressenti et qui la poursuit encore. Cette mort, celle qu'elle revit chaque soir en cauchemar.
Chaque jour qui passe l'éloigne un peu plus de son passé et pourtant elle ne sait toujours pas comment l’appréhender. Rien de ce qu'elle pourra dire n'arrivera à détailler ces sentiments et son ressenti. C'est indescriptible, seule, sale, douleur, mort, honte, vide, mensonge, humiliation, peur. Ce n'est rien de tout ça tout en étant tout cela à la fois.
C'est harassant de toujours luter. Se battre pour grignoter chaque bons moments. Encore que les bons moments, il n'y en a pas tant. Elle se force pourtant à faire ce qui lui plaisait avant, mais ça n'a plus le même gout. Le plus dur reste les moments avec les autres, ses amis, ceux qui l'entourent. Il faut être fort pour donner une bonne impression. Droite et inlassablement en forme. Pourtant, entre deux sourires crispés, on la voit se balancer d'avant en arrière, seul signe de ses angoisses. Et elle continue à tenir une discussion. Et pourtant, dans ces moments là, elle a l'impression de se voir vivre. Que ce n'est pas elle qui est au commande de son corps, que le temps passe pour quelqu'un d'autre. Que elle, elle est prisonnière d'un corps qu'elle ne contrôle pas et plongée dans des souvenirs qui la rongent. Et pourtant, sa façade indestructible est là. Elle discute. Parfois elle a les yeux qui se perdent sur autre chose, chose qu'elle seule peut voir. Elle évite de trop regarder ce qui se passe autour d'elle et elle discute. Pourtant elle est toujours aux aguets, elle est fatiguée et aimerait juste... elle ne sait même pas ce qu'elle aimerait.
Elle aimerait juste que tout s'arrête, une bonne fois pour toute.
Elle hait ce corps qui ne lui appartient pas. Ce corps qui a menti durant tout ce temps à tout le monde. Ce corps qui lui a menti, à elle. Ce corps qui a menti aux autres, à ceux qui l'auraient aidée. Elle hait ce corps et pourtant elle se retrouve à devoir cohabiter avec.
Elle n'en peut plus. Elle ne veut plus.
Elle ne sait plus quoi faire pour que ça aie bien. S'obliger à voir des gens. S'obliger à tenter d'avancer. Ou juste sombrer en étant seule. Elle ne sait pas ce qu'il faut faire. Mais une chose est sur, ce soir, cette nuit, elle ne veut plus de tout cela. Elle aimerait juste que tout change. Tout.
Mais non, ce n'est qu'une illusion. Demain, elle se lèvera et en bon petit soldat incassable, elle fera comme si tout allait bien. Et en personnes normales, ceux qui la croiseront feront comme si elle allait bien.
Une vie parfaite en apparence. Juste la mort en réalité.
Lorsque la vie devient une punition à ce qu'elle a fait...