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Et on replonge...
Tu n'es pas responsable.
Tu savais très bien ce qui se passait.
Tu étais prise au pièce. Coincée.
Tu aurais pu partir. Tu as choisi de rester.
Rien ne peut justifier ce qui s'est passé.
Tu as mérité ce qu'il t'es arrivé.
Tu as dit non, il n'a pas écouté.
Tu aurais du être plus clair, il n'a probablement pas compris.
C'est grave ce qu'il s'est passé.
Ce n'est pas grave, rien d'important.
Tu dois en parler, il est coupable.
Il n'y a pas mort d'homme, il ne faut pas exagérer.
Il était bien plus âgé que toi, il savait très bien ce qu'il faisait.
Tu es majeur et responsable, tu l'as donc bien voulu.
C'est un viol.
C'est une relation sexuelle tout à fait normale.
Beaucoup de chose tournent dans sa tête, comme toujours. Sauf qu'en ce moment, les pensées qui ont repris le dessus sont celles lui disant qu'elle est responsable et que tout cela n'est pas si grave. Qu'elle exagère probablement lorsqu'elle se dit que c'est grave. Et probablement qu'elle avait voulu ce qui lui est arrivé, elle ne se souvient pas de tout, alors il lui manque peut-être des données importantes pour se sentir "bien" avec ce qui s'est passé.
Dur de supporter cela parce que du coup, une partie de sa tête se bat contre une autre partie de sa tête.
Est-ce qu'elle a raison ou est-ce qu'elle a tord ?
Est-ce qu'elle est coupable ou est-ce qu'elle n'y est pour rien ?
Elle ne sait pas ce qu'elle aurait du ressentir, elle ne sait pas ce qui est normal de ce qui ne l'est pas. Elle a presque envie de se dire que tout cela était normal et simplement faire en sorte de passer dessus, ne plus jamais y repenser et se dire que c'est une affaire classée. Mais en parallèle à cela, elle ne va pas bien et si ce n'était pas quelque chose de grave alors elle irait bien.
Elle ne sait pas trop et elle a l'impression qu'elle peut à nouveau décider lequel des deux choix est le bon, sauf qu'elle ne sait pas...
Du coup, son humeur son ressent. Ces changements d'idée toutes les deux secondes lui donnent des migraines horribles. Ne pas savoir ce qui est le vrai du faux la rend infecte et odieuse. Ces cauchemars et souvenirs incessants sont en train de la rendre folle et terrorisée.
Le plus dur. Ne pas savoir parler de ça. Et oui, c'est "facile" de parler avec ceux qui la croient et la soutiennent lorsqu'elle est capable de dire "c'est lui le con". On la soutient et on lui dit qu'elle a raison. Sauf que là, elle aurait besoin de dire "c'est ma faute, il avait bien raison, ce n'est rien de grave" et elle aimerait qu'on lui dise oui. Ou non, elle aimerait lui dire qu'elle a tord. Elle aimerait qu'on lui dise qu'elle n'y pouvait rien, que ce n'était pas sa faute, pas son choix, qu'il ne devait pas faire cela. Sauf qu'après plus d'une année à supporter ses sauts d'humeurs, on n'a plus vraiment la patience pour lui répondre cela encore et encore. On lui répond sèchement que c'est lui le con et qu'elle exagère de poser encore ces questions.
Elle ne sait pas. Elle se sent coupable. Vraiment coupable. Et elle ne sait pas comment faire pour en parler.
Elle se sentirait soulagée qu'on lui dise qu'elle avait tord, qu'elle a été cruche et que c'était méritéé.
Elle se sentirait soulagée qu'on lui dise, inlassablement, que ce n'est pas de sa faute, que c'est lui le responsable.
Elle ne sait pas ce qu'elle veut mais elle aimerait se sentir entourée. Elle est entourée, oui, mais elle se sent à nouveau affreusement seule en ce moment. Ce qui la bloque énormément, c'est son incapacité à dire ce qu'elle ressent réellement. Elle sait bien qu'elle peut tout dire, ou presque, mais elle n'y arrive pas et alors, elle se retrouve avec ces sentiments qui restent à l'intérieur d'elle. Et tantot elle a envie de pleurer, tandis qu'à d'autre moment elle aimerait juste hurler et insulter tout le monde. Tout cela car elle n'est pas capable de dire ce qu'elle ressent.
Pourquoi personne ne trouve les mots qu'elle aimerait entendre ? Elle aimerait entendre encore et encore que quoi qu'elle ait fait, ce n'est pas grave. Elle aimerait qu'on lui dise que ça ira, qu'elle ira bien. Sauf qu'elle est là, à se tenir droite, semblant trop fière pour aller mal, semblant être bien, alors que non, rien ne va et elle aimerait qu'on la rassure.
Elle aimerait qu'on la rassure, qu'on lui dise qu'elle a aussi des tords, qu'on lui dise ce qu'elle a fait de faux. Si elle savait ce qu'elle avait fait de faux, alors elle ne le referait plus. Qu'on lui dise qu'elle a été trop gentille, que dans d'autres cas ça aurait été une qualité, mais dans cette situation, elle aurait du en parler directement, qu'elle n'aurait pas du lui laisser une deuxième chance. Que lorsque ça c'est produit les premières fois, sans vraiment savoir ce qui se passait, elle le laisse faire plusieurs fois avant de lui dire qu'il fallait que cela se termine car sinon elle irait en parler à ses proches. Qui est suffisament stupide pour se laisser faire, savoir que ce qui s'est passé porte un nom, que c'est punissable par la loi, mais qu'elle lui dise simplement d'arrêter et qu'ainsi elle oublirait ce qui s'était passé. Qui est suffisament stupide pour faire cela ? Oui, elle a des choses à se reprocher, énormément de choses. Elle aimerait savoir ce qu'elle a fait de mal, ne plus le refaire. Être plus clair, plus convainquante, plus sure d'elle... Elle veut changer pour ne plus refaire ces erreurs là. Elle aimerait qu'on lui dise que c'est sa faute, que son comportement a influencé le sien.
Elle aimerait savoir.
En même temps, elle est un peu crétine aussi. Elle ne va pas bien et cela fait dix jours qu'elle se dit qu'elle ferait bien d'appeller sa psy' qui lui fait les séances d'EMDR, parce qu'en plus, elle lui a dit de nombreuses fois d'appeler si ça n'allait pas ou autre. Mais elle reste là, bêtement devant son téléphone, à hésiter puis à changer d'idée. "Je ne vais quand même pas appeller uniquement pour me plaindre, et qu'est-ce que ça changera au final...?" Stupide parce que du coup elle s'enferme dans son problème sans moyen de s'en sortir. Elle aimerait en parler à des amis, que ça ne va pas, mais encore une fois, elle se dit qu'elle est saoulante à juste se plaindre tout le temps, alors elle se tait, change de sujet, ...
Elle en a marre. Ce soir, son meilleur ami sera à nouveau son couteau-suisse, elle n'a jamais perdu le contact de sa lame mais les blessures étaient moins profondes, ce soir, ses démons reprennent le dessus et se faire du mal sera le meilleur moyen pour oublier un instant la douleur.
Et demain on recommence...
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